9 siècles d'histoire

En 1114, un groupe de moines conduit par l’abbé Hugues de Mâcon, quitte l’abbaye de Cîteaux pour fonder un nouveau monastère cistercien à Pontigny, sa "deuxième fille" . La communauté prospère rapidement, reçoit un grand nombre de novices, accroit son domaine, et crée à son tour de nouvelles abbayes, ses "filles", ainsi qu'un grand nombre de "granges", exploitées par les frères convers.

Sa réputation est telle qu’elle accueille deux archevêques de Cantorbéry qui cherchent protection : Thomas Becket et Étienne Langton. Un troisième archevêque Edmund d’Abingdon y est inhumé en 1240. Rapidement canonisé, il est honoré sous le nom de saint Edme et l’abbaye devient alors un important lieu de pèlerinage, notamment pour les anglais.

 

Les guerres de Religion causent de grands dégâts à Pontigny mais, dès le XVIe siècle, des travaux de restaurations sont engagés.

La Révolution met fin à la présence des moines et l’église devient paroissiale en 1803. Elle est classée Monument historique dans la première liste de 1840 établie par Prosper Mérimée.


Architecture et Lumière cistercienne

« Elle est empruntée, la lumière ne vient pas du feu ».

 Saint Bernard

L’abbatiale est construite vers 1138, en pierre calcaire des toutes proches carrières de Bailly, les travaux se terminent aux alentours de l’année 1150.

Marquée par la pensée de saint Bernard, l'église cistercienne est volontairement dénuée d'images et de couleurs. La recherche de perfection spirituelle se révèle dans une architecture en quête d'essentiel, conduisant à de nombreuses innovations ainsi qu'à l'importance donnée à la lumière. C'est ce qu'incarne Pontigny.

 

 

Animée par de longues perspectives d’ombre et de lumière, comme contemplation.

Les deux bras du transept sont de style roman, voûtés d’arêtes. Mais au cours du chantier, les constructeurs n’hésitent pas à adopter dans la nef, les premiers éléments du gothique : les voûtes d'ogives -les premières en Bourgogne- moins lourdes, permettant d'alléger les murs, d'agrandir les fenêtres, de donner plus de lumière, et au nord des arcs-boutants.

 

Fin XIIe siècle, le chœur est agrandi avec un déambulatoire repris en pur style gothique, mais toujours sans ornements.

Prendre le chemin qui longe l’abbatiale au sud, permet de voir les trois niveaux de l’imposant chevet : le sanctuaire, le déambulatoire, et ses chapelles rayonnantes.

Les restaurations des XVIIe et XVIIIe siècles apportent des éléments baroques selon le goût de la Contre-Réforme : de magnifiques stalles sculptées, les grilles, et l’aile du cloître encore debout.

De l’ensemble médiéval subsiste le bâtiment des frères convers du XIIe siècle, qui servit d’hôpital accueillant les blessés de la Première Guerre Mondiale.

A droite la première étape à chevet plat et dans les deux bras du transept de style roman, voutés d’arêtes, A gauche , l’évolution du chœur.

 

Le domaine

Enclos de hauts murs encore visibles, le domaine comprenait l’ensemble des bâtiments monastiques abritant moines, convers et les hôtes. Au centre coule un bief dérivé du Serein qui actionnait les trois moulins (deux à blé et un à foulon).

 

Le domaine en 1906 a été acheté par Paul Desjardins.  En 1945, la Société des Pères de Saint-Edme (Pères américains) rachète le domaine à Madame Desjardins pour y fonder un collège franco-américain. Il est revendu en 1954 à la Mission de France.

 

En 1967, le séminaire quitte Pontigny pour s'installer en banlieue parisienne et le domaine est vendu à LADAPT, association pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées, qui en 2003 s'installe près d'Auxerre. Le domaine est  alors acheté par le Conseil Régional de Bourgogne, aujourd’hui Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté.

 

En 2020, il est mis en vente et après un appel à projets, le choix de la Région s'est porté sur le projet présenté par la Fondation François Schneider, à triple ambition : économique, touristique et culturelle.

 

Le domaine est fermé au public depuis le 5 octobre 2020
jusqu’à une date indéterminée.

Toutes nos visites guidées incluent cependant un accès au domaine.

 

Les décades : confronter les savoirs

Après la loi de séparation des Églises et l’État, Paul Desjardins achète le domaine en 1906. Professeur et humaniste aux idées sociales avancées, il a organisé à partir de 1910 jusqu'à 1939, les « Décades de Pontigny » rencontres internationales qui ont fait de Pontigny chaque été un petit noyau de la future Europe.

Ainsi - hors de 1914 à 1921 - pendant dix jours, se sont réunis des intellectuels français et étrangers dont Gide, Malraux, Saint-Exupéry, Martin du Gard, T.S. Eliot, pour échanger sur de nombreux sujets littéraires et philosophiques. En savoir plus.