Les cisterciens

 

Désireux de revenir plus étroitement aux principes de la Règle de saint Benoit (VIe siècle à l’origine de l’ordre bénédictin), Robert de Molesmes fonde Cîteaux, le « nouveau monastère », près de Dijon, en 1098.

Soulevant de nombreuses vocations, grâce à la personnalité de saint Bernard, il est appelé très vite à une grande prospérité. L’ordre est connu pour son austérité, l’observation du silence -langue des signes est utilisée- mais aussi pour ses innovations hydrauliques, agraires, viticoles et architecturales.

 

Les moines cisterciens partagent leur journée entre prière et travail, assistés des convers, frère laïcs qui vivent dans leur propre bâtiment ou dans les granges alentour et ne reviennent que les dimanches et fêtes. De nombreuses granges et vignes en Bourgogne ont pour origine cet ordre novateur.

 

Les cisterciens et la nature

 

 

Les Cisterciens fuyaient le monde (contemptus mundi), ils bâtirent donc leurs abbayes dans des « déserts », loin des villes. Le rapport privilégié à la nature était immanquable.

 

Même si la Règle prévoit que tous, moines et convers travaillent de leurs mains, ce sont incontestablement ces derniers qui ont eu le contact le plus étroit avec la nature. Astreints aux gros travaux : débroussaillements, creusements de canaux ou de biefs pour alimenter les moulins ou faire fonctionner les forges, mais aussi labourages, semailles, moissons, les convers étaient des hommes de la terre. Ils cultivaient les céréales, et la vigne toujours et partout. Ces agriculteurs connaissaient les affres du paysan face à l'orage de grêle qui menace, au vent et à la pluie qui couchent les blés, à la maladie qui attaque la vigne.

 

Ne doutons pas cependant qu'ils avaient sur leur environnement un regard très différent du nôtre. La nature était pour eux l'œuvre de Dieu et le labeur, une prière.

 

Ils « n'exploitaient » pas les terres d'un domaine, ils parachevaient la création.

 

Ces hommes simples voyaient sans doute dans les manifestations de la nature comme la foudre, les inondations, les récoltes bonnes ou mauvaises, des signes à interpréter : satisfaction ou colère divine, mises à l'épreuve, voire interventions démoniaques.

 

La lumière étant le vecteur de l'amour divin, la nuit, son contraire, était pour tous, moines et convers, le théâtre des artifices du Malin. Moment d'angoisse, peuplé de démons, serpents et bêtes immondes rampant sur le sol ; pour s'en prémunir, ils bâtissaient les dortoirs à l'étage et y conservaient un lumignon, du crépuscule à l'aube.

 

Leur fréquentation quotidienne du monde végétal procurait certainement aux Cisterciens une connaissance empirique mais approfondie des plantes et de leurs vertus médicinales et autres. Savoir en partie perdu aujourd'hui.

 

 Michel Miguet

 


 

Les Amis de Pontigny sont membres fondateurs de la "Charte Européenne des Abbayes et Sites Cisterciens" qui rassemble 178 lieux ouverts au public, dont 106 en France. 

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Ces textes sont le travail des membres des Amis de Pontigny.